Figures Africaines

Denis Mukwege, ou « l’homme qui répare les femmes »

Denis Mukwege est un gynécologue Congolais. Si son nom ne vous est pas inconnu, c’est peut-être en raison du prix Nobel de la paix dont il a été le colauréat cette année. Ce prix lui a été décerné pour son combat visant à mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre.

Les guerres du Congo

Entre 1996 et 1997, un groupe de rebelles, aidé par une coalition Rwandaise et Ougandaise, déclenche un conflit avec le gouvernement en place. Ce sont les grandes richesses du sol Congolais qui sont visées. Les rebelles finissent par l’emporter et proclament la seconde république démocratique du Congo, ce qui clôt le 1er épisode de guerre du pays. Par la suite, le nouveau président Congolais, chef de la rébellion tente de se séparer des milices Rwandaise et Ougandaise, ce qui n’est pas accepté par ces dernières. Ainsi débute la 2e guerre du Congo, qui se clôturera en 2002. Selon l’ONG international rescue committee, ces différents conflits ont généré plus de 4 millions de morts. Cela laisse imaginer la difficulté des conditions de vie sur place, et les violences qu’ont pu subir les femmes en ces temps troublés. C’est en partie dans ce contexte que Denis Mukwege a mené son combat.

Denis Mukwege

Né en 1955 à Bukavu à l’est de la RDC, Mukwege s’est formé en tant que médecin d’abord au Burundi, puis en France. Il décide de retourner dans son pays natal au début des années 90, et devient médecin directeur dans l’hôpital de Lemara. A cause de la guerre, nombre de ses patients sont assassinés dans leur lit et l’hôpital vient même à être détruit. Mais Mukwege ne désespère pas, et décide de fonder son propre hôpital (avec une participation financière de la Suède).  En 2012, une journaliste Belge lui consacre un ouvrage, « L’homme qui répare les femmes », titre qui deviendra par la suite son surnom. C’est donc dans le cadre de sa lutte contre les viols qu’il se voit décerner, avec l’Irakienne Nadia Murad, ex-esclave du groupe Etat Islamique, le prix Nobel de la paix. En effet, en plus d’exercer ses fonctions de médecin gynécologue et donc d’aider un grand nombre de femmes à survivre à leur traumatisme, il s’est imposé comme égérie politique de cette lutte, dans un contexte de dictature dans lequel le gouvernement en place ne reconnait absolument pas la situation présente, bien qu’elle soit dramatique.

Pour en savoir plus : https://www.jeuneafrique.com/640663/societe/rdc-le-prix-nobel-de-la-paix-2018-attribue-a-denis-mukewege/

Raphael Deloffre 16/10/18

 

 

Leymah Gbowee, femme à la "force infinie"

Colauréate du prix nobel de la paix en 2011, Leymah est une militante sociale libérienne devenue symbole de
la force des femmes africaines.

Leymah Gbowee a joué un rôle clé dans la fin de la guerre civile au Liberia. Elle n'a que dix-huit ans quand la guerre civile éclate. Pendant quatorze ans, les troupes de Charles Taylor vont semer la terreur et la mort. Premières victimes, les enfants dont le dictateur fait des soldats, et les femmes harcelées, parfois violées par les miliciens.

Au prix d'une volonté inouïe, Leymah Gbowee va relever la tête. Avec dans le coeur une conviction inébranlable : qu'importe l'ethnie, qu'importe la religion, si elles se rassemblent, les femmes peuvent défier la violence des hommes.

Leymah organise avec de milliers de femmes, chrétiennes et musulmanes, de toutes origines sociales
un grand sit-in dans la capitale, Monrovia, pour exiger du président Charles Taylor qu’il ramène la paix dans le
pays. Le mouvement prend de l'ampleur pendant le conflit, jusqu'à la grève du sexe, obligeant le régime à
les associer aux pourparlers de paix.

Elle a créé depuis une fondation pour l’éducation des filles, qui envoie des boursières à l’école et à l’université.

S’il n’y avait qu’une chose à retenir de ce parcours hors norme, ce serait qu’aucun combat n’est accessoire. Qu’il
faut commencer petit : envoyer ne serait-ce qu’une jeune d’un village à l’université, pour qu’elle «rayonne»
sur toutes les autres. «C’est mon mantra dans la vie : ne pas dédaigner les débuts les plus humbles», martèle-t-
elle.

Inès Boufrayoua, 12/09/18