Alors que le retour des combattants djihadistes d’Irak et de Syrie est source de vifs débats en Europe, la question du terrorisme n’est pas moins préoccupante dans cette autre partie du monde qu’est l’Afrique. En effet, plusieurs groupes se revendiquant d’une idéologie salafiste djihadiste, menacent la sécurité au sein de pays africains tels que le Mali ou le Nigeria. Il convient d’abord de définir ce qu’est le salafisme djihadiste ; une idéologie prônant une lutte armée afin d’imposer un islamisme purifié des origines et donc un retour à la Charia, la loi islamique. Voici un petit tour d’horizon de quelques-unes des principales factions terroristes djihadistes :
La première, sans doute la plus connue et médiatisée, est Boko Haram. Prenant également le nom d’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, elle a été fondée en 2002 au Nord-Est du Nigéria, par Mohamed Yusuf. L’idéologie anti-occidentale de ce mouvement s’exprime à travers son nom même. Boko, dérive de l’anglais « book » qui signifie « livre » et haram se traduit par « interdit » en arabe. Ce groupe rejette donc l’enseignement qu’il considère perverti par les occidentaux. Boko Haram a notamment fait parler en 2014, lors de l’enlèvement de 276 lycéennes dans l’Etat de Borno au Nigéria. Mis à part les enlèvements, ce groupe agit à travers des massacres dans les villages nigériens mais aussi des attentats-suicides. Le nombre total de ses victimes s’élève à plus de 15 000.
Une seconde organisation fait également beaucoup parler d’elle : AQMI, Al-Qaïda au Maghreb islamique. Cette branche d’Al-Qaïda est née en Algérie en 2007, à l’initiative de Abdelmalek Droudkel. Il s’agit d’un des nombreux djihadistes ayant combattu les Américains lors de la Seconde guerre d’Afghanistan à partir de 2001. AQMI, dont l’objectif final est l’instauration dans l’ensemble du monde musulman d’un califat régi par la charia sévit avant tout au Sahel. Son action prend la forme de guérillas, d’attentats terroristes ou encore d’enlèvements, comme en 2011 lorsque deux français, membres d’une ONG, ont été enlevés et tués par cette organisation au Niger.
Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans est, lui, né en 2017, de la fusion de plusieurs groupes d’obédience salafiste djihadiste. A travers des guérillas, des attentats-suicides et des enlèvements ce groupe menace avant tout le Mali, le Niger, la Lybie et le Burkina Faso. Il détient aujourd’hui plusieurs otages occidentaux et notamment la française Sophie Pétronin. Cette dernière, enlevée en décembre 2016, est la fondatrice de l’ONG« Association d’Aide à Gao », qui œuvre dans le domaine de l’aide à l’enfance dans le nord du Mali. Son fils ne cesse de demander de l’aide à l’Etat afin d’obtenir sa libération.
Plus à l’Est, en Somalie, on trouveHarakat al-Chabab al-Moudjahidin, le « mouvement des jeunes combattants ». Ce long nom désigne ce que l’on appelle plus couramment les « chebabs ». Cette faction, fondée en 2006 par Aden Hashi Farah Ayro,vise à créer un Etat Islamique en Somalie. A ses débuts, ce groupe, agissant dans cet état en déliquescence qu’est la Somalie, a connu quelques succès. Il est en effet venu à contrôler une partie du pays avant d’être repoussé en 2011 par l’armée Somalienne, aidée de l’Union Africaine.
Enfin, intéressons-nous à Ansar-Al Charia. Ce nom désigne ce qui pourrait se traduire par « défenseurs de la loi islamique ». Ce nom exprime l’objectif premier des organisations qui le portent: l’imposition du respect de la Charia dans leur zone d’opération. Différents groupes djihadistes en Afrique sont ainsi nommés mais nous nous focaliserons sur deux d’entre eux. L’un, est d’origine tunisienne, et a été lancé en avril 2011 par Abou Iyadh. L’autre est né en Libye, en 2012, à la suite de la Chute du dictateur Libyen, Mouhammar Khadafi.Ces deux groupes tentent d’obtenir l’adhésion d’une certaine partie de la population locale à travers des services rendus à celle-ci tels que la réparation de routes ou la sécurisation des hôpitaux. Cette adhésion est nécessaire afin de contribuer à la propagation de leur idéologie.
Face à cette insécurité que font peser ces groupes terroristes sur leur pays, les gouvernements africains sont peu armés. Des forces occidentales et notamment françaises, interviennent donc pour protéger ces territoires menacés, mais ces interventions feront l’objet d’un prochain article.
Marylou Colombet, 21 mars 2019