L’enfer des « petites bonnes » au Maroc

C’est d’un fléau très peu connu dont nous tenions à vous parler aujourd’hui. L’un des membres de Go To Togo de nationalité marocaine, est engagé avec L’Institut National de Solidarité Avec les Femmes en détresse (INSAF) dans la lutte conte l’exploitation infantile au Maroc. Amine témoigne du destin bouleversant de petites filles exploitées.

Au Maroc, des milliers de « petites bonnes » se retrouvent contraintes travailler en tant que domestique loin de leur foyer. Il s’agit de petites et jeunes filles âgées de sept à quinze ans, issues de milieux défavorisés principalement de villages de zones rurales et de grands bidonvilles, forcées de devenir « femme » de ménage pour aider leur famille en situation d’extrême pauvreté.

Elles connaissent une situation particulièrement précaire. L’absence de contrat explicite entre les parents et la famille d’accueil ouvre la porte à tous les abus et fragilise la position des petites filles, qui deviennent soumises au bon vouloir et parfois aux pires sévices de leurs employeur. Dans la plupart des cas, elles sont battues, opprimées et violées. Elles ne sont que très peu payées, environ 70 euros par mois, lorsque la maitresse de maison décide de les payer car parfois ces jeunes filles ne sont même pas payées. De plus, elles doivent travailler dès le lever du soleil jusqu’à très tard la nuit, doivent faire l’ensemble des tâches ménagères, s’occuper des courses et préparer les repas pour ne manger que les restes. En devenant domestique, ces petites filles renoncent à l’école très tôt, près de 60% d’entre-elles sont analphabètes.

Cette pratique tout à fait illégale et à l’encontre de la loi de protection des mineurs est pourtant largement répandue. Pour y faire face, des associations viennent en aide aux victimes. C’est ainsi qu’une association au Maroc, INSAF, se charge de l’aide de ces « petites bonnes ». L’INSAF : ce sont des actions dans l’ensemble du territoire, un travail de sensibilisation de grande ampleur mais aussi un contact direct avec ces petites filles. En effet, les bénévoles de cette association repèrent dans un premier temps les situations irrégulières puis contactent la petite fille opprimée. Celle-ci se voit proposer des alternatives financières afin que ses parents acceptent qu’elle cesse de travailler. Une fois libérées, les jeunes filles à l’enfance gâchée sont prises en charge par l’association qui a alors pour mission de les scolariser. Enfin, l’INSAF s’engage à suivre la situation de ces petites filles en leur proposant un logement dans un foyer qui leur est dédié. Les petites filles apprennent à se reconstruire et peuvent pratiquer toute sorte d’activités : apprendre à cuisiner des pâtisseries marocaines par exemple. L’entraide et la solidarité sont des valeurs inhérentes à leur reconstruction.

Les « petites bonnes » au Maroc sont le nouveau visage de l’esclavagisme moderne et leur cause mérite d’être soutenue. Il existe un réel manque de protection juridique des petites filles qui subissent cette exploitation ce qui les dissuadent de révéler les sévices qu’elles subissent. D’où la nécessité, de mettre en place une loi spécifique définissant la traite des personnes mineures.

Amine Msik, 17 novembre 2018

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